samedi, juin 14

La deuxième édition de CAPAC’IT 4 AFRICA, un programme stratégique piloté par Simplon Africa et  Soutenu par l’Union européenne et le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a  réunit dix pays d’Afrique francophone pour un objectif commun : outiller les organismes de formation face aux défis et opportunités liés à l’intelligence artificielle.

Les délégations institutionnelles, les acteurs de la formation et les entreprises partenaires ont partagé  leurs visions, leurs freins et surtout leurs ambitions, dans un contexte où l’Afrique ne veut plus être simple consommatrice de technologies, mais actrice de leur transformation.

Pour Dr Bouna Kane, Directeur Général de Simplon Africa, CAPAC’IT 4 AFRICA est bien plus qu’un projet éducatif. C’est une démarche politique, presque identitaire.  « Il s’agit d’un projet pour et par l’Afrique », affirme-t-il avec conviction. En sept ans, Simplon a déjà formé plus de 29 000 personnes sur le continent, avec une parité exemplaire : 50 % de femmes formées, souvent issues de zones à faible accès au numérique. Selon lui, le projet Capac’IT 4 Africa a pour ambition d’améliorer la qualité des interventions des organismes de la formation professionnelle en Afrique subsaharienne francophone, offrant ainsi des offres de formation professionnelle de haute qualité dans le secteur du numérique aux personnes les plus éloignées de l’emploi et du digital, dans le but
ultime de contribuer à l’amélioration de l’employabilité et au développement durable et inclusif du secteur numérique en Afrique subsaharienne.

Dans la même lignée lors du lancement du projet, Mehdi Salim, Directeur Général de Simplon International, a défendu une approche transversale de la formation aux métiers de demain. « L’intelligence artificielle n’est pas qu’un outil. C’est une dynamique collective. Et notre réseau, déjà présent dans plus de 30 pays, en est le catalyseur. »

Diane Coussa, coordonnatrice du projet, insiste sur l’importance du maillage entre pays africains. Pour elle, cette deuxième année du projet marque un changement d’échelle : elle permet de confronter les expériences, d’ajuster les modèles pédagogiques et d’insuffler des pratiques plus adaptées aux réalités locales. Selon elle, la force de ce consortium réside dans la diversité et la complémentarité des partenaires qui partagent la même mission sociale d’offrir des opportunités de carrière à forte valeur ajoutée aux personnes les plus éloignées de l’emploi et du numérique :  Simplon.co en France, Simplon Africa au Sénégal, Becode en Belgique, Ogooué Labs au Gabon, Kadea en RDC, Webtech au Mali, Wenak Labs au Tchad,  Inch’ Class au Cameroun, Société inclusive et L’Envol au Bénin, ASCAD en Guinée.

 Lors de son allocution, Babacar Thiam, coordinateur informatique au ministère de la Formation professionnelle, a dévoilé des perspectives chiffrées impressionnantes. L’État entend former un million de jeunes à l’intelligence artificielle d’ici fin 2024, avec un objectif de 700 000 techniciens à l’horizon 2029 et pas moins de cinq millions de professionnels qualifiés d’ici 2050.

IA, pédagogie et mutation des métiers : les clés du panel

Modéré par Timothée Leenhardt, responsable innovation pédagogique chez Simplon.co, le panel principal de la journée a réuni des experts de premier plan pour discuter de l’impact de l’IA sur la formation, les métiers techniques et les politiques publiques.

Mathieu Giannecchini, Directeur général adjoint de Simplon.co, a décrit l’onde de choc que provoque l’IA dans les parcours éducatifs. L’intégration d’outils génératifs pousse à réinventer les formats d’apprentissage. Les formateurs doivent désormais composer avec des outils comme ChatGPT, qui transforment profondément le métier de développeur et imposent une nouvelle posture pédagogique : plus agile, plus individualisée, plus orientée compétences.

Au cœur de cette transformation, l’enjeu social n’est pas oublié. Pour Giannecchini, l’IA peut être un accélérateur d’employabilité, notamment pour des publics jusque-là marginalisés, à condition d’être accompagnée d’une démocratisation de l’accès aux outils et à la formation.

Du côté du secteur privé, Hadj Mohamed Hane, responsable IA chez SONATEL, a présenté l’évolution de l’opérateur historique vers une stratégie de transformation digitale amorcée dès 2018. À travers la Sonatel Academy, plus de 100 jeunes talents ont été formés à des compétences tech pointues. Il insiste sur le rôle de l’IA comme révélateur de potentiel : « L’intelligence artificielle ne remplace pas l’humain, elle le démultiplie. »

Dr Ismaila Seck, figure de proue de GalsenAI et de l’AI Hub Sénégal, souligne la richesse encore inexploitable du continent. Il évoque une Afrique « assise sur une mine d’or » : une jeunesse dynamique, une créativité native, des données encore peu valorisées. Pour lui, le prochain terrain stratégique est clair : les interfaces vocales. Un domaine où l’Afrique, multilingue et mobile, a toutes les cartes en main.

Sur le plan institutionnel, Koudy Wane, ingénieure à la Direction des TIC du Ministère des Communications, des Télécommunications et du Numérique (MCTN), a présenté les axes de la stratégie New Deal Technologique 2050, officiellement lancée en février dernier.

Cette feuille de route s’appuie sur quatre grands leviers d’action : alphabétisation digitale, montée en compétences dès l’enfance, formation continue des agents publics et accompagnement du secteur privé dans sa transformation. L’initiative est déjà concrétisée par la création du Hub IA national en 2023, un outil au service de la montée en puissance technologique du pays.

Pour rappel, Capac’IT 4 Africa est un projet de coopération internationale francophone d’une durée de deux ans, cofinancé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne. Il s’adresse prioritairement aux opérateurs de formation professionnelle en Afrique subsaharienne.

Porté par le réseau Simplon, ce projet mobilise 11 partenaires répartis dans 10 pays africains, avec pour objectif principal de renforcer les capacités des organismes de formation. En améliorant la qualité de l’offre pédagogique, Capac’IT 4 Africa vise à favoriser l’employabilité des jeunes, tout en contribuant au développement durable et inclusif du secteur numérique sur le continent.

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