samedi, juin 14

Alors que le commerce maritime constitue l’épine dorsale des économies africaines, la montée en puissance des cyberattaques représente une menace sans précédent pour les ports et les infrastructures critiques du continent. Du 14 au 16 mai 2025, Abidjan a accueilli le panel international CYBERMAR 2025, organisé par l’Institut de sécurité maritime interrégional (ISMI), pour faire le point sur les enjeux et solutions en matière de cybersécurité maritime et portuaire.

Les chiffres sont alarmants : en 2024, plus de 600 incidents de cybersécurité ont été enregistrés dans le secteur maritime mondial, dont 174 dans les infrastructures portuaires, d’après Xavier Rebours, directeur de France cyber maritime. Les États-Unis, l’Europe, l’Asie et l’Afrique figurent parmi les cibles majeures, avec une hausse notable des activités des hacktivistes et des attaques orchestrées par des entités étatiques.

Le colonel Abé Aké Lazare, directeur de l’ISMI, a alerté sur les conséquences économiques et sécuritaires des cyberattaques dans le golfe de Guinée. Les ports automatisés, le suivi logistique numérique et la faible sensibilisation des opérateurs rendent le secteur vulnérable à des attaques paralysantes, telles que les ransomwares, susceptibles de bloquer totalement les chaînes logistiques.

Parmi les propositions phares émergeant du panel figurent la mise en place de stratégies cyber nationales intégrant la dimension maritime, la création de centres régionaux de coordination cyber, l’utilisation de technologies souveraines (clouds locaux sécurisés, IPS dans les réseaux portuaires), et la formation spécialisée des forces navales et portuaires. L’ISMI prône également l’harmonisation législative entre États membres, pour imposer des audits réguliers et créer des agences de supervision cyber-maritime.

Le panel s’inscrit dans le projet Safe Seas for Africa, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’ONUDC, UNITAR-ISMI et l’OMI, visant à bâtir une cyberrésilience régionale durable. Le Dr Diako Doffou Jérôme, de l’ESATIC, rappelle que la transformation numérique du secteur maritime ne peut se faire sans une défense cyber robuste : un pilier désormais stratégique pour la souveraineté et la sécurité des États côtiers africains.

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