Le Sénégal entre dans une nouvelle ère numérique, une révolution qui ambitionne de transformer le pays en une puissance digitale en Afrique de l’Ouest. Avec le lancement du New Deal Technologique le 24 Février 2025, le Sénégal affiche clairement ses ambitions : mettre l’innovation au service du développement et positionner le pays comme un leader africain dans le domaine du numérique et de l’intelligence artificielle (IA).
Lors de la cérémonie officielle de lancement , le président Bassirou Diomaye Faye a dévoilé les grandes lignes de cette initiative qui s’inscrit dans la Vision Sénégal 2050. Devant un parterre de ministres, d’acteurs du secteur numérique et de partenaires internationaux, il a insisté sur la nécessité d’accélérer la transformation digitale pour favoriser la croissance économique et améliorer la qualité de vie des citoyens.
« Nous avons longtemps été spectateurs des révolutions technologiques mondiales. Aujourd’hui, le Sénégal ne veut plus suivre, il veut mener. Ce New Deal Technologique est un engagement ferme pour faire de notre pays un hub de l’innovation et de l’intelligence artificielle », a affirmé le chef de l’État sous les applaudissements de l’audience.
Mais derrière cette déclaration d’intention, quel est réellement le rôle de l’IA dans cette stratégie ? Quels secteurs vont bénéficier de cette avancée ? Et surtout, comment le Sénégal compte-t-il s’imposer dans ce domaine face aux géants du numérique ?
L’intelligence artificielle au cœur du New Deal
L’intelligence artificielle est l’un des piliers majeurs du New Deal Technologique. Plus qu’un simple outil, elle est perçue comme un levier de transformation économique et sociale, permettant d’optimiser les services publics, de moderniser les entreprises et de créer de nouvelles opportunités pour la jeunesse. Selon Alioune Sall, ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, l’IA est désormais une priorité absolue pour le gouvernement.
« L’intelligence artificielle est une révolution que nous devons saisir. Il ne s’agit pas seulement de consommer des technologies venues d’ailleurs, mais de créer nos propres solutions, adaptées à nos réalités et à nos besoins. Le Sénégal doit être un acteur majeur de cette transformation », a-t-il déclaré avec conviction.
Concrètement, plusieurs initiatives ont été mises en place pour structurer un écosystème performant autour de l’IA :
- Un programme de formation massif pour former 100 000 diplômés spécialisés dans les métiers du numérique d’ici 2034.
- Un investissement majeur dans les infrastructures, avec la création de supercalculateurs, data centers et un cloud souverain.
- Un cadre réglementaire solide, garantissant la protection des données et la transparence des algorithmes.
- Un soutien aux startups IA, afin de favoriser l’innovation locale et le développement de solutions intelligentes adaptées aux besoins du marché sénégalais et africain.
L’IA sera ainsi transversale, touchant plusieurs domaines-clés de la société. Le Sénégal veut s’appuyer sur cette technologie pour accélérer la digitalisation du pays et renforcer sa souveraineté numérique.
L’IA, un levier de transformation économique et sociale
Le gouvernement mise sur l’IA pour accélérer la digitalisation des services publics, optimiser les performances économiques et favoriser l’émergence d’un écosystème technologique performant. L’IA est ainsi intégrée dans plusieurs domaines clés :
- Administration publique : automatisation des procédures, amélioration de l’efficacité des services et gestion prédictive.
- Santé : diagnostic assisté, développement de la télémédecine et optimisation des dossiers médicaux numériques.
- Agriculture et élevage : exploitation des données climatiques pour prévoir les rendements et lutter contre les aléas climatiques.
- Sécurité : mise en place de systèmes intelligents de surveillance et de prévention des cyberattaques.
- Éducation : des classes intelligentes pour un apprentissage personnalisé
L’une des premières révolutions que va apporter l’IA concerne l’éducation. Le gouvernement prévoit le développement de tuteurs IA, capables d’adapter l’enseignement au rythme de chaque élève.
Ces assistants virtuels, disponibles en plusieurs langues (y compris les langues locales), permettront aux élèves d’accéder à du contenu pédagogique personnalisé, renforçant ainsi l’inclusion numérique et l’équité éducative.
« Nous voulons que chaque élève, où qu’il soit au Sénégal, ait accès à une éducation de qualité grâce aux nouvelles technologies. L’IA va nous permettre de combler certaines inégalités et d’offrir un accompagnement plus efficace à chaque apprenant », explique Alioune Sall.
Santé : vers une médecine plus efficace et accessible
Dans le secteur de la santé, l’IA promet une révolution. Le gouvernement ambitionne de généraliser le dossier patient informatisé, permettant un suivi médical plus précis et une meilleure prise en charge des patients. La télémédecine, boostée par l’IA, facilitera l’accès aux soins dans les zones rurales, en permettant des consultations à distance avec des spécialistes basés à Dakar ou à l’étranger.
De plus, l’analyse des big data médicaux permettra de mieux comprendre certaines maladies et d’optimiser les stratégies de prévention.
Agriculture et élevage : une production optimisée
L’IA va aussi jouer un rôle central dans l’agriculture et l’élevage, deux secteurs clés de l’économie sénégalaise.
Grâce à des capteurs intelligents et des outils d’analyse avancés, les agriculteurs pourront prédire les rendements, optimiser l’irrigation et mieux gérer les ressources naturelles.
Cette transformation numérique vise non seulement une augmentation de la productivité, mais aussi une meilleure résilience face aux défis climatiques.
Transport : des villes plus intelligentes
L’IA sera également au cœur des projets de smart cities. À Dakar et dans d’autres grandes villes, elle permet une gestion optimisée du trafic, réduisant ainsi les embouteillages et la pollution.
Les systèmes de signalisation intelligents pourront s’adapter en temps réel à la densité du trafic, fluidifiant ainsi la circulation et améliorant la sécurité routière.
Un cadre réglementaire et éthique pour une IA souveraine
Le New Deal Technologique prévoit la mise en place d’un cadre réglementaire strict pour encadrer le développement de l’IA. Parmi les mesures envisagées :
- Une législation sur la protection des données et la sécurité des infrastructures numériques.
- La création d’un cloud souverain pour héberger les données critiques et garantir leur sécurité.
- Une réglementation sur l’éthique de l’IA afin d’assurer la transparence et d’éviter les biais algorithmiques.
Un enjeu de souveraineté numérique
Au-delà des applications pratiques, le Sénégal veut préserver son indépendance technologique en évitant une trop grande dépendance aux géants étrangers du numérique.
L’État met ainsi un accent particulier sur le développement d’un cloud souverain, où seront stockées les données stratégiques du pays.
« Notre souveraineté numérique est essentielle. Nous devons être capables de contrôler nos infrastructures et de protéger nos données. C’est une question de sécurité nationale et d’indépendance« , a insisté Bassirou Diomaye Faye.
Un pari ambitieux : Objectif 2034
Avec cette feuille de route ambitieuse, le gouvernement espère atteindre des résultats concrets d’ici 2034 :
- 15% de contribution du numérique au PIB
- 200 000 emplois indirects créés
- +80% d’utilisation des services numériques par la population
- 100% des données sensibles hébergées localement
Le Sénégal veut ainsi figurer parmi les trois premiers pays africains exportateurs de services numériques, et s’imposer comme une référence continentale en matière d’IA et d’innovation.
« Nous avons tous les atouts pour réussir. C’est maintenant à nous, en tant que nation, de saisir cette opportunité et d’écrire une nouvelle page de notre histoire numérique », a conclu le président Bassirou Diomaye Faye.
Le New Deal Technologique marque une rupture dans l’approche numérique du Sénégal. En misant sur l’IA comme moteur de développement, le pays se positionne stratégiquement pour un avenir digital souverain et inclusif.Le défi est immense, mais une chose est sûre : le Sénégal trace désormais sa propre voie dans la révolution numérique.