En effet, à l’ère du numérique, l’influence s’est imposée comme une force centrale dans les modes de consommation, les débats publics et la formation de l’opinion. FlexTalk 2025, désormais événement phare de la scène digitale sénégalaise, a voulu poser les bases d’un dialogue structuré autour du rôle des influenceurs au Sénégal, leur impact social et la nécessité d’un cadre juridique.
Le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a ouvert la rencontre par une intervention forte. S’adressant directement aux influenceurs, il a déclaré :
« Vous avez entre les mains une arme puissante. Utilisez-la de manière stratégique pour construire, car mal utilisée, elle peut détruire. »Un message direct à une génération ultra-connectée, suivie par des millions d’internautes, mais encore en quête de reconnaissance institutionnelle.
Le débat central du FlexTalk 2025 avait pour objectif de voir comment passer du statut d’influenceur à celui de leader d’opinion ? Des voix reconnues comme DJ Boubs (Boubacar Diallo) ont appelé à un recentrage éthique :
« On peut avoir des millions de followers, mais si l’on n’est pas courtois, cultivé, et prêt à aider les autres, on n’a rien compris à l’influence. »
Le rôle de l’influenceur ne se limite plus à divertir. Il devient un acteur social, parfois plus écouté qu’un enseignant ou un journaliste. Ce changement de paradigme impose un comportement exemplaire, une rigueur dans les publications, et une maîtrise des outils technologiques, notamment avec l’arrivée de l’intelligence artificielle dans la création de contenu, poursuit l’animateur.
Monétisation, statut juridique, loi sur la publicité : l’État sénégalais s’engage
La structuration du secteur des « influenceurs » a fait l’objet d’un long débat lors du premier panel portant sur la régulation, l’innovation et les partenariats : comment construire un écosystème digital inclusif et compétitif au Sénégal ? Avec la participation de Seynabou Thiam, fondatrice de Smart Ecosystem for Women (SEW), Thierno Gueye, créateur de contenus et ingénieur agroalimentaire, et Oumar Wagué, Directeur Général de Reflex Sénégal.
Habibou Dia, Directeur de la Communication au ministère de la Communication des Télécommunications et de l’Économie numérique, a annoncé plusieurs initiatives : passant de la création d’un statut juridique pour les influenceurs à la réglementation de la publicité digitale, en passant par un soutien à la monétisation des contenus digitaux et une cartographie nationale des créateurs de contenus.
Selon le représentant de l’État à cette rencontre, « ces réformes visent à créer un environnement favorable, encadré et sécurisé pour les professionnels de l’influence digitale au Sénégal. »
L’ambition est de transformer une activité perçue comme marginale en un véritable secteur économique, créateur d’emplois et de valeur. Selon Oumar Wagué, Directeur Général de Reflex Sénégal, cette première édition est le début d’un long processus de collaboration avec les influenceurs.
En effet, le travail n’a pas été du tout facile, mais le message était de montrer à ce secteur qu’il était possible de travailler ensemble et d’atteindre d’autres initiatives au bénéfice de tout le monde.
Un autre panel, portant sur « Comment les entreprises redéfinissent-elles des stratégies gagnantes grâce au marketing d’influence au Sénégal ? », a regroupé de grands créateurs de contenus comme Abdoulaye Ndao dit Laye Pro, Karelle Vignon, Mamadou Mactar Diallo, strategic planner, ou encore Abdou Diop, responsable de la stratégie communication du Groupe Kirène.
Derrière les prises de parole, un constat s’est imposé : l’influence n’est plus un phénomène de mode. C’est un phénomène de société. Elle modèle les comportements, oriente les choix, impacte la consommation comme la politique. Elle est, en somme, un levier de transformation.