La transition numérique ? « Toutes les entreprises sont concernées ! Petites, moyennes et grandes quels que soient les secteurs économiques parce que nous sommes dans une véritable révolution numérique. Le numérique est dans la rue et chacun s’en est approprié les usages », explique Hugues Meili, président fondateur de Niji, société entièrement dédiée aux usages du numérique depuis sa création en 2001. Intervenant au Forum Économique Breton, qui se tiendra les 8 et 9 septembre à Saint-Malo, il y livrera aussi des recommandations pour réussir une transition numérique dont on parle comme d’une évidence depuis plus de 10 ans mais qui, avec la crise sanitaire, est devenue une urgence.
Penser usages plutôt que techniques
« Les entreprises n’ont pas d’autres choix que s’y mettre, de faire évoluer leur approche afin de coller aux exigences de leurs clients, au risque de disparaître ou de perdre de la valeur, confirme le dirigeant. Mais l’erreur serait de croire que cette révolution numérique n’est qu’une question technique. C’est une convergence entre les usages et la technologie, qui doit être pilotée par les usages. » Beaucoup d’entreprises abordent leur révolution numérique pour répondre à une question précise, comme l’amélioration de la relation client ou des ventes via le e-commerce, mais elles oublient parfois que cela peut avoir un impact profond sur leur organisation. « Le numérique est partout autour de nous, c’est un vrai changement de paradigme et c’est cela qu’il faut savoir observer. La crise Covid a éveillé les consciences autour du télétravail ou de la sécurité des réseaux alors que la vraie question est celle des nouveaux usages. »Pour Matthieu Beucher, PDG et fondateur de Klaxoon, partenaire du Forum Économique Breton, la crise sanitaire a montré aux entreprises qu’il était possible d’évoluer vite et de trouver des solutions de travail collaboratif. Des verrous psychologiques ont sauté, les entreprises ayant compris que l’on pouvait collaborer avec des gens très loin en étant efficace. Née en 2015, Klaxoon se consacre à l’optimisation des réunions et du travail collaboratif.
Des outils collaboratifs pour booster la créativité
Ingénieur télécoms ayant travaillé dans de grandes entreprises industrielles et familiarisé avec les méthodes agiles, Matthieu Beucher a trop fait le constat de réunions se transformant en « grand théâtre inefficace ». « J’ai essayé d’imaginer des méthodes et de nouveaux formats de réunion pour optimiser le temps que l’on y passe, raconte le créateur de Klaxoon. Cela concerne les réunions en distanciel comme en présentiel. Il a là un grand gisement de productivité, mais surtout de créativité. »
Alors que le grand oral est devenu une épreuve du bac et que s’organisent des concours d’éloquence, Matthieu Beucher veut privilégier l’expression de chacun : « Combien d’idées n’ont pas vu le jour parce que des gens n’ont pas osé les exprimer. L’oral n’est pas démocratique. Seuls 15 % des gens seraient doués d’éloquence, tout le monde n’est pas à l’aise en public. Klaxoon propose des formats visuels plus accessibles à tous. » L’entreprise propose aussi des modes de collaboration asynchrone où chacun travaille à son rythme. Autre particularité, les solutions sont simples et ne demandent pas de d’efforts importants de formation, ni de changements majeurs dans l’organisation de l’entreprise.
Accompagner la transition numérique
Si certains outils collaboratifs sont simples à appréhender, ils modifient en profondeur les modes de travail et le rôle d’un manager. Au sein des écoles de commerce et de management, cela s’anticipe, tant dans le contenu pédagogique que dans les méthodes d’enseignement et les profils de candidats retenus. C’est le cas à Rennes School of Business, créée en 1989.L’école bretonne, qui ouvre cette année un campus à Paris, a aussi choisi de travailler un autre sujet lié à la transition numérique : celui de la cybersécurité. Car, qui dit outils collaboratifs, dit aussi partage de données parfois sensibles. Alors que les risques de piratage ou de chantage numérique s’intensifient, y compris auprès des PME et TPE, l’école souhaite « accompagner les entreprises du territoire breton sur le sujet, précise Jordane Pedron, son directeur Executive Education. Nous mettons en place des formations sur la cyber sécurité et une chaire « Gouvernance du risque cyber “ a été créée en octobre 2020. » Et alors que le nombre de données ne cesse de croître de façon exponentielle, l’école anticipe et planche aussi sur l’intelligence artificielle, capable de les exploiter. « Trente et un chercheurs au sein de l’école travaillent sur la question et les champs d’application de l’intelligence artificielle, sujet aussi abordé dans des cours ». Tout est en place pour que la révolution numérique participe à une relance sur la durée, d’autant que les infrastructures à très haut débit finissent d’être installées.