Si tous les secteurs d’activité connaissent des incidences liées à la crise sanitaire, l’enjeu organisationnel domine dans la supply chain. A l’heure de l’accroissement des flux, comment les nouvelles technologies permettent-elles de répondre à ce défi ? Jacques Deckert, Directeur Stratégie Business et Innovation du Groupe Timcod, et Stéphane Loyer, Directeur Commercial chez Zebra Technology, partenaire majeur de Timcod, nous apportent leur réponse.
On constate une double incidence liée à la covid-19. D’une part, le coronavirus est venu accroitre les volumes et la nécessité de rapidité des entreprises dans la chaîne logistique. D’autre part, la productivité des logisticiens est pénalisée par les mesures d’hygiène et de sécurité, il faut donc repenser les process et les outils. Il est difficile de continuer de travailler avec les anciennes conditions de la logistique, les entreprises sont obligées de s’adapter dès maintenant.
La complexité des flux devient gérable grâce aux nouvelles technologies, notamment par l’interconnexion des actifs, les objets connectés…
Dans l’entreprise et dans nos secteurs d’activités (principalement la grande distribution et la logistique), la situation actuelle constitue une opportunité et un levier de croissance. Nos clients investissent dans la digitalisation pour s’adapter et répondre à des volumétries importantes. La plupart des entreprises du secteur avait prévu d’évoluer sous 2 ou 3 ans, mais a été contrainte de le faire plus rapidement.
Dans ces conditions, quelles évolutions technologiques permettent d’améliorer les flux et cette volumétrie ?
Le marché de la collecte de données dans le secteur de la logistique évolue vers des solutions de collecte qui ne sont plus seulement physiques mais discrètes. Par exemple, avec la RFID (Radio Frequency Identification), il est possible de connaitre des éléments en temps réel sans avoir à scanner chaque code-barres (localisation, température…).
Les nouvelles technologies comme le Big data, la Blockchain… nous servent également à faire de l’analyse prédictive pour pouvoir conseiller au mieux l’opérateur terrain (chef de rayon, manager en entrepôt). Nous nous dirigeons vers de l’information qui aide à prendre des décisions de façon optimale.
La vidéo devient aussi un outil de plus en plus prégnant pour l’analyse, ce qui permet par exemple d’être très précis pour assurer la sécurité et la préparation de livraison.
A terme, l’ensemble des évolutions technologiques dans ce domaine servira à tout le monde car la logistique sera plus fluide et efficace.
Pour aller vers l’entrepôt 4.0, quels éléments sont à prendre en compte ?
Il faut se concentrer sur trois points d’attention principaux : tout d’abord l’humain, car l’entrepôt 4.0 s’appuie sur la compétence humaine pour faire en sorte qu’il soit encore plus compétent grâce aux informations et aux outils dont il dispose.
Ensuite, on a la dimension d’urbanisation des systèmes d’information. Autrement dit, il faut faire coexister d’anciens systèmes d’information, avec des éléments complémentaires pour le rendre plus rapide et plus communiquant.
Le troisième élément à prendre en compte est le budget. Faire évoluer son modèle d’entrepôt demande des investissements importants. Aujourd’hui, les entreprises se rendent compte qu’il représente un important retour sur investissement.
Quels bénéfices peut-on tirer de ces évolutions en matière de RSE ?
Dans la chaîne logistique, une attention particulière est de plus en plus portée au transport. Beaucoup de camions voyagent à moitié vide et le conditionnement n’est également pas toujours adapté. Là encore, des solutions technologiques permettent désormais d’analyser et de savoir si un camion est suffisamment rempli ou non grâce à des outils de mesure.
Les sociétés accordent aussi de plus en plus d’importance aux conditions de travail des salariés. Il faut souligner l’excellence de la logistique française, qui est en partie poussée par la règlementation du travail et favorisée par des innovations qui accompagnent au mieux les opérateurs et logisticiens. La sécurité et la fatigue sont mieux gérées grâce à la robotique qui assiste les collaborateurs.